La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Plein le dos
Un pas en arrière j’observe
je ne dors pas sur mes deux oreilles
mais sur un oreiller de braise
quand bavent les crapauds
Ils disent que je ne suis pas du pays
Ils disent que je ne suis pas poète
Ils disent que mon souffle est mineur
ma Réunion
Dans mon île je peux rester assise
tous les kabars, les portes de poésie
ne me sont pas ouvertes
10 ans que je crée, je m’exprime, j’édite des recueils
peut-être suis-je dans le mauvais ban des poissons créoles,
avec les carangues
La douleur, la couleur créole, tout ce que j’écris
de mon navire, toujours en français
Ils l’ignorent, ils ne m’ont pas vu, mes frères ne m’ont pas vu
Je suis dans le noir, je veux la lumière de mon île
poète en herbe, peu vue des poètes de mon île,
pas encore écriture de la réunion
j’accroche des cœurs avec mes mots,
mais loin de vous mes frères
Me voilà cancrelat, mon acte d’écriture aussi brune,
incapable de vous toucher mes frères
incapable de revenir vers vous, à l’intérieur de ma langue,
de notre moi commun
Mes mots n’ont accrochés qu’hors de l’île,
comme un paria ?
In Kinz an K’A, © K’A, 2014
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L’île de Patrick Morel | Rosemay Nivard
Contribution de PPierre Kobel
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