La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Noé…
Si vaste d’être seul, j’ai toujours aimé les cendres.
Surtout les cendres de la Nuit. Et surtout quand la nuit
est partout !
Écoutez-moi : je suis né au couteau sous des cendres
de loups !
Exilé dans le miroir d’un mort, comme si un inconnu
marchait à mes côtés.
Privé de visage, je n’ai jamais pleuré. Si j’avais eu un père,
j’aurais eu un visage.
Loin du Grand Jardin, les roses tombaient.
D’épuisement en épuisement. Je voulais toujours
m’enfermer dans les arbres.
Ils savaient le mystère de l’eau mais l’eau que je suivais était
écorchée vive. Je ne pouvais pas boire.
Sur la Montagne sainte, je n’ai pas vu de dieu, même pas
de dos ! MON NOM était IMPRONONÇABLE…
J’avais une chair obscure. À l’entaille des eaux, je rêvais
à bout portant. Je rêvais d’armes.
Des bêtes saignaient derrière mes yeux.
À genoux dans les heures, j’avançais en silence, à pas de
mort. Les eaux m’abandonnaient à chaque démesure.
Si vaste d’être seul, je n’ai pas pris ton Arche.
In Si vaste d’être seul, © cherche midi, 2013
Internet
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Wikipédia | Tristan Cabral
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La Pierre et le Sel | Tristan Cabral, entre le cri et le silence
Contribution de PPierre Kobel
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