La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Quiconque en discerne la beauté d’une vue ferme et rassise,
il ne la voit pas, non plus que la splendeur d’un éclair.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel. Pour se laisser ravir et ravager.
La main verte
Ma bibliothèque
n’est pas rangée
par pays
par genres
par noms
prénoms
elle est rangée
par le hasard de ma main
verte
parfois
qui trouve le bon livre
au bon moment
un peu de neige
quand il en manque
devant mes yeux
et qui traverse
la longue nuit d’un roman russe
beaucoup de silence
quand il en faut
après tant de mots
gaspillés ici
et là
et que mes oreilles refusent
elles préfèrent
se tendre aux bruits des pas
de la mésange
au bord d’une flaque d’eau
quand elle éclaire un poème chinois
ou japonais
ou breton
égaré
mais pas perdu
sur les étagères de ma bibliothèque
mal rangée.
In Les mains de ma mère, © Bruno Doucey, 2019
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Contribution de PPierre Kobel
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