La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Le baiser Cadou
Un baiser cadou n’est pas un baiser comme les autres, c’est le baiser royal de l’imaginaire venant d’un règne végétal. L’ingérence du poète de Rochefort donne à la sensualité de cette caresse un goût de figue, la douceur du muscat et l’or du tournesol.
Le baiser cadou est impressionniste, léger, heureux. Il se fond dans un rêve aussi bleu qu’un champ de lin. Quand elle embrasse son bel ami, elle tend son cou comme un butor assoiffé, ses lèvres deviennent soie, sa bouche devient une fleur de géranium.
Cadou, l’assonance est douce ce nom a la couleur des prés, l’odeur d’une terre mouillée, la beauté d’une barrière fleurie, l’immensité du ciel. Le doux baiser cadou est le cercle lumineux du soleil qui rayonne, il s’ouvre comme tous les capitules semblables aux désirs qui assaillent. Ce baiser aux mille brins de blé, au breuvage d’hypocras où se mêlent miel, poivre, cannelle, coriandre s’offre de différentes manières.
Il est souvent surromantique se mêlant à la vie.
L’hiver quand le froid glace les corps, il est impétueux.
Au printemps, quand les amandiers couvrent leurs branches de robes de mariées, il est véhément et divin.
L’été ? Il est prairie ou verger.
L’automne lui donne une saveur de coing, de châtaigne et de poire.
Quel que soit le jour, le baiser cadou est une impression de soleil levant, il est lumière.
Onirique, il est aussi innocent.
Permis, il est renouveau et pureté.
Mystérieux, il est pastoral et bucolique.
Le poète à lui seul est un baiser cadou.
In Cahier des poètes n°16 – Centenaire de la naissance de René Guy Cadou (1920-2020), © Le Petit Véhicule, 2020
Internet
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Wikipédia | René Guy Cadou
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Éditions du Petit Véhicule | René Guy Cadou
Contribution de PPierre Kobel
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