La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Grammaire du désordre
En nous
reposent d’austères attentes
dont les destins
sont de régner plus haut
dans la grammaire inédite
des désordres
en nous repose l’être étranger
dont la misère éclaire
comme pèse
une blessure heureuse
une faute bénie
les secondes vont devenir
importantes
contenir de plus en plus
Oui ! Presque tout ! Puis
tout
les secondes vont devenir
denses
retenir dans presque rien
puis rien
l’éternité entière
les secondes vont devenir
indistinctes
l’instant se nourrir
de la totalité
l’ange empoussiéré
des portails va
secouer ses ailes :
ce que j’écris ne veut pas
de la gloire
seulement faire en secret
son chemin
la surface couvre tout
du moins
aura-t-elle circonvenu
le fond
tenu serré contre elle
comme perle
à l’intérieur de l’huître
et indiqué la profondeur
sous la pression
du pouce des galaxies
superficielle
est la beauté du monde
superficiel
est le mystère qui a su
imposer le frisson
du réel
nous qui vivons seuls
dans le vide
agité de l’indicible
nous louons la surface
sachant enfin
où poser le tremblement
du vif
grande est la sagesse
des voluptés
dont l’appétit demeure
insatisfait
aussi est-ce vers toi
que je me tourne
porteur
de signes ordinaires
et de sorts
aussi médiocres que
les nôtres
chant solitaire
dont l’ample déshérence
de loin dépassera
nos solitudes
laisse-moi le murmure
le grondement à reculons
du chien qui n’en veut pas
In Quinines / Grammaire du désordre, © La Bartavelle, 1992
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Wikipédia | Werner Lambersy
Contribution de PPierre Kobel
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