La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
je suis la femme de la grande expansion des eaux
je suis la femme de la mer divine
je suis une femme de la rivière
la femme de l'eau qui coule
une femme qui examine et qui cherche
une femme de mesure et de mains
une femme de grande mesure
*
je suis une femme sainte
une femme esprit
je suis une femme de la clarté
une femme du jour
une femme saine
une femme prête
parce que je suis une femme qui éclaire
une femme tonnerre
une femme qui hurle
une femme qui siffle
*
femme de l'Étoile du matin
femme de la Croix du Sud
femme de la Constellation de la Sandale, dit
de la Constellation du Crochet, dit
voici ton horloge, dit
voici ton livre, dit
je suis la petite femme de la vieille fontaine, dit
je suis la petite femme de la fontaine sacrée, dit
*
femme oiseau-mouche, dit
femme à qui poussent des ailes, dit
*
je descends donc primordiale
je descends donc explicite
je descend avec tendresse
je descends avec la rosée
ton livre, mon Père, dit
ton livre, mon Père, dit
femme clown sous l'eau, dit
femme clown dans la mer, dit
parce que je suis l'enfant du Christ, dit
l'enfant de Marie, dit
*
je suis une femme de lettres, dit
je suis une femme du livre, dit
personne ne peut refermer mon livre, dit
personne ne peut m'arracher mon livre, dit
mon livre rencontré sous l'eau, dit
mon livre de prières
*
je suis une femme et une mère, dit
une femme mère sous l'eau, dit
une femme de bons mots, dit
une femme de musique, dit
une femme sorcière devineresse, dit
*
je suis une femme lacustre, dit
je suis une femme échelle, dit
je suis la femme de l'Étoile du matin, dit
je suis une femme comète, dit
je suis la femme qui traverse l'eau, dit
je suis la femme qui traverse la mer, dit
In Chants des Indiens Mazatèques
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Wikipédia | María Sabina
Contribution de PPierre Kobel
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