La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
La poésie n’a pas besoin d’être lue
La poésie n’a pas besoin d’être lue
Seule elle fleurit
Au bord des toits
À l’angle des vieux murs
Je l’ai vue entre deux persiennes
À l’instant où elles se séparaient
Pour laisser la place à un visage
Un visage derrière une vitre
Le visage de n’importe qui
Ton visage
Mon visage
Tous les visages se ressemblent
Ils se rassemblent et n’en forment qu’un
Le même sourire éclaire les mêmes bouches
Les lèvres s’allongent pour baiser d’autres lèvres
Elles se rencontrent dans l’espace
Comme deux oiseaux en plein vol
Comme deux avions se percutent
Comme une météorite fracasse la terre
Et poursuit son chemin
Tiens vous êtes mort moi aussi
Cela ne nous empêche pas d’aller à la pêche
Au goujon
C’est tout ce qui reste dans nos viviers
Une maigre friture
Nous mangerons davantage dans une vie parallèle
Nous nous goinfrerons de graisse
Et nous arborerons d’énormes bides
Volumineux comme des montagnes
Nos selles nourriront des troupeaux entiers
D’hommes et d’animaux obéissants
Nous y cultiverons la poésie
Dans des jardins secrets
D’où nous regarderons les arbres
Escalader nos flancs
En cordée tels des alpinistes
Et puis nous nous ennuierons jusqu’à la prochaine étape
Jusqu’à la prochaine explosion
In Bientôt l’éternité m’empêchera de vivre, © le Réalgar, 2021
Internet
-
Pierre Vandrepote | Jean-Claude Barbé, l’aventure inconnue d’être poète
-
En attendant Nadeau | Le poème pour tout bagage
-
Éditions le Réalgar
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires