La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Dans ta chambre, je vois
quelques cartes postales accrochées près de ton lit,
une photo de Papi sur laquelle le soleil tombe,
un fauteuil pour faire tes siestes,
et sur la commode, près de la baie vitrée, tes lunettes.
À côté, accroché au mur,
un calendrier.
Avec des photos de nous – mon frère, mes cousines et moi –,
de mes parents,
de toi avec tous tes petits-enfants –
celle-ci remonte à plusieurs années déjà –
et des cases blanches à remplir.
Je m’assois pour le feuilleter :
mai (c’est la bonne page, sans doute une infirmière en change tous les mois), rien ;
avril, rien ; mars, rien…
À mesure que je les tourne,
je me revois faire le même geste
il y a trois ans au moins,
quand tu vivais encore seule,
dans une maison avec des balançoires au fond du jardin,
des miettes de pain sur la table parce qu’on y a mangé le midi
et encore aucun moineau.
In Et encore aucun moineau, © 10 pages au carré, 2022
Internet
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Babelio | Tom Lévêque
Contribution de PPierre Kobel
Merci pour le partage que je découvre maintenant ! Amitiés, Tom
Rédigé par : Tom L. | 04 mai 2023 à 00:51