La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
En cette province à l’arrière du monde
où nous avons choisi de vivre
les tuiles brûlées n’ont plus à protéger des toits
mais ouvrent dans la terre docile
un chemin pur
qui mène au lac perdu du vieux Moctezuma
Les mains ouvertes inconsolables
nous viendrions ressusciter le paon
et le faisan de Colchide
le tétra lyre
qui habitaient les canaux de son rêve
mirage d’épaules bleues
de flancs bruns ou cendrés
de poitrines de sang
Nous arriverons tard épuisés
nous arriverions parmi les fruits sauvages
et ce serait de nouveau la provende offerte
de nouveau les arbres prodigues
dans le chatoiement de la brume
les baies bleues de l’épine noire
les nèfles tiédies dans le givre
Il y aurait de nouveau des jours
pour croire pour faire confiance
et le ciel s’éveillerait
d’un feu de cerfs-volants
éclairant encore nos vœux d’enfants
In Cet espace de clarté, © Le Silence qui roule, 2019
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Le Silence qui roule | Christine Givry
Contribution de PPierre Kobel
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