La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
J’écris par à coups
J’écris par à coups ces gueules ensoleillées
qui me poussent dans le crâne
Je marche par à coups
sur un art depuis longtemps désossé
Un art qui ne tient plus qu’à la mémoire perdue
de quelques fidèles vieillissants
Un art où j’ai mon banc de peine…
La marée n’est jamais vraiment au rendez-vous
Insaisissable elle rebondit
Jamais au même endroit
Sur la grève de nos idéaux arraisonnés…
au coup par coup !
Un craquement
C’est un mot qui s’écrit
Un mot blanc comme une prison modèle
Clinique…
Je bois aussi par à coups
toujours dans le même verre
En attendant que l’on me serve !
Que la musique me brûle !
Qu’elle vocifère ou murmure c’est selon…
Qu’elle croque ce bout de racine trempé !
L’écrit se prend ainsi tout décousu
Tout penaud d’avoir fait sous lui…
Dehors c’est dedans !
Un corps cela se vide
Au cimetière du devoir accompli
Et des bonnes mœurs lavées
Dans ces moments d’honorables orgies
L’écrit n’est plus par à coup
Il s’étale et se vautre sur le sable de la page
À la marée des océans crevés…
In Décharge 191, © Décharge, 2021
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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