La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Adonis
J’entends, entre les murs du Louvre,
les sanglots de la soie et des épices.
J’entends le son des bijoux dans des caravanes
qui cheminent
entre Orient et Occident dans les jarres des
nuages et les vases des lumières.
Je resterai donc comme Adapa, le dieu de la Sagesse.
Je ne m’incline jamais devant les tempêtes des
temps. Aussi hautes que soient tes ailes,
je resterai capable de les casser.
Le pays tout entier « bourdonne comme les mouches »
et la large mer n’est plus qu’une « bergerie pour les moutons ».
Comme si coulait maintenant dans les veines des humains
un liquide qui n’est pas du sang.
Je regarde le pays mais je ne le vois pas.
Je regarde la mer mais elle me paraît comme le fossé d’un
jardinier affamé qui risque de mourir sous peu.
Où êtes-vous, métaux, et en particulier toi, l’or ?
Pourquoi le destin s’échappe-t-il toujours des mains
humaines ?
In Le Louvre espace de l’alphabet à venir, traduction de l’arabe par l’auteur et Donatien Grau, © Seghers, 2024
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Contribution de PPierre Kobel
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