La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Ariane Dreyfus
Eux deux
Si vous faites se toucher deux allumettes, la flamme commencée se gonfle comme une voile,
Le trait noir sur lequel elle se déplace
En se déformant les unit.
C’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui se sont croisés,
Et maintenant ne s’écartent pas l’un de l’autre.
Mais dans le ventre de la femme il y a un déjà enfant.
À chaque fois que l’homme s’approche d’elle, vivre
Se trouble
Comme s’il fallait repousser ce que c’est,
Être seul.
Il approche son visage d’un ventre plus vaste, tendu c’est toute la peau
comme un globe terrestre qu’il tient
Féminin car il l’aime
Dans ses mains elle est nue et il ne peut pas la fendre
Pénétrer en elle et creuser
Est-ce à sa vie d’entrer dans la sienne ? Il sent qu’il entre dans la vie ?
Un jour il embrassera la pliure de son coude, un soir
Maintient sa tête dans son cou
Pour qu’elle s’endorme recourbée
Arrivant jusqu’au songe
D’être le père de l’enfant
Un qui aura su tout du long faire du feu
In Poésies de langue française – 144 poètes d’aujourd’hui autour du monde, © Seghers, 2008
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Wikipédia | Ariane Dreyfus
Contribution de PPierre Kobel
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