La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Pierre-Albert Jourdan
Au-delà du tapis fastueux des terres immenses la
parole ouverte, la muette parole des désirs
s’enfonce toujours plus, emportée par l’ombre
d’un nuage vers la mer.
Proche du nid simple !
L’ombre trop fraîche, le soleil brûlant composent
un large bouquet aux tiges amères, au délirant parfum.
Est-ce un fusil qui brille entre les pins ou le
fleuve plus lointain ou sur la route un véhicule ?
Qu’importe !
Prêt de s’apaiser le mouvement qui l’emporte la
parole n’est plus qu’un lien fragile, l’informe cerf-
volant comme une cendre mauve dans le ciel.
Le trou est comblé. Un simple regard circulaire,
au parcours paresseux, suffit.
Seuls dessinent soleil et ombre.
Vent, soleil et joyaux de terre.
Au-dessus des têtes ce bleu roi, cette échancrure…
Une sorte de stupeur confidente de l’impossible.
Un néant raciné.
In Les sandales de paille, © Mercure de France, 1987
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Wikipédia | Pierre-Albert Jourdan
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La Pierre et le Sel | Pierre-Albert Jourdan, un poète fantôme
Contribution de PPierre Kobel
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