La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Ingeborg Bachmann
De l’obscur à dire
Comme Orphée je joue
sur les cordes de la vie la mort
Et face à la beauté de la terre
et de tes yeux qui administrent le ciel
je ne sais dire que de l’obscur.
N’oublie pas que toi aussi,soudain,
ce matin-là, alors que ta couche
était encore humide de rosée et que l’oeillet
dormait près de ton cœur,
tu vis le fleuve obscur
qui passait près de toi.
La corde du silence
tendue sur la vague de sang,
je saisis ton cœur résonnant
Ta boucle fut métamorphosée
en cheveux d’ombre de la nuit,
les noirs flocons des ténèbres
enneigèrent ton visage.
Et je ne t’appartiens pas.
Tous deux désormais nous lamentons.
Mais comme Orphée je sais
du côté de la mort la vie
et pour moi bleuit
ton œil à jamais fermé.
In Toute personne qui tombe à des ailes, (Poèmes 1942-1967) – Traduction Françoise Rétif – © Poésie/Gallimard, 2015
Internet
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Wikipédia | Ingeborg Bachmann
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Dossier Ingeborg Bachmann (par Françoise Rétif) sur Poezibao
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Ingeborg Bachmann une poésie qui ne se résigne pas, un article de Pierre Assouline dans la République des livres
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La Pierre et le Sel | Un jour, un texte : Ingeborg Bachmann
Contribution de PPierre Kobel
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