La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Fabien Sanchez
Dexter Gordon, les hauteurs et la fatigue
Mes sentiments me jettent
sur le pavé.
Au café, je me repose
de telles chutes ;
il est rare que je m’y soigne.
Dexter, je suis sur la rive
où plus rien ne m’arrive.
Les larmes auxquelles
je ne cède pas
conduisent à une déroute
du cœur
qui ne vaut pas
endurcissement.
Tes notes sont comme
autant de harpons
qui frappent mon ennui,
Je suis en bout de course,
mais parfois tu me relèves.
C’est que ta musique
est comme ce whisky
de dernière heure,
quand on se croit au bout,
mais que le bout n’y est pas.
Dexter, ceci est ma lettre que j’ai écrite au désert,
celui où j’ai cherché 1’amour et la foi,
mais le désert c’était moi,
comme toutes ces heures autour de minuit,
dont je me relève à peine,
et que pourtant j’ai vécues.
Ce soir, je me sens comme un pécheur
qui embrasse un ange,
et c’est précisément pourquoi je te dis merci
Dexter,
autour de minuit.
Car c’est en se soustrayant à elle-même que ma vie a
progressé,
et c’est en quittant l’enfance qu’elle m’a mortellement
blessé
Dexter,
je suis libéré du constat de ne pas l’être.
Dexter,
être heureux est un raccourci ;
être malheureux aussi ;
Dexter,
qu’est-ce qui ne saurait l’être ?
Dexter,
que faire sur la dernière rive ?
In Aucun horizon n’est sans conscience, © Unicité, 2024
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Contribution de PPierre Kobel
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