La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Gisèle Barbotin
La Venise du Berry
"Venise du Berry", c’est ainsi qu’on t’appelle,
Ô mon pays !
Et la Gloire à ce nom piqua son immortelle
Quand George Sand rêvait au fond de tes taillis.
Le soleil est plus doux en tes prés, le feuillage
Des peupliers y penche un frémissant ombrage
Où l’oiseau de printemps se plaît à voltiger ;
Et sur la Creuse où flotte un rêve plus léger,
Les bateaux pleins d’amour, de rires et de femmes
Glissent dans la lumière au bercement des rames.
Tes couchants, dans mes yeux, ont laissé leur clarté,
Les fraises de tes bois ont coloré ma lèvre,
L’amour de George Sand m’apprit la volupté,
Musset la poésie où la douleur s’enfièvre,
Le romantisme épars en tes coins inconnus,
L’onde tiède où l’enfant agite ses pieds nus,
Les chemins détournés, presque noirs sous l’ombrage,
Le rocher où fleurit le rose œillet sauvage ;
Doux ensemble où le cœur s’élance à chaque pas,
Heureux de se donner, de sentir, heureux d’être ;
Et plus que mes parents me berçant dans leurs bras,
"Venise du Berry", c’est toi qui me fis naître.
Accepte ce poème, une bien faible offrande,
O mon pays si cher à mon âme, à mon cœur
Et que ta voix partout le chante et le répande !
Ce qui vient du Berry, partage et labeur,
Coutume du passé, gloires qui le couronnent,
Murmure des ruisseaux, vignes qui l’environnent,
Tendres chants d’autrefois que le temps a conduits
Jusqu’à nous sans troubler leur cadence première,
Fuite dans les roseaux de labarque légère,
Frisson des peupliers à la brise des nuits,
Fier donjon nous offrant ses grâces surannées,
Vols d’oiseaux éveillant les claires matinées,
Tout cela fait en moi, par son charme constant,
Naître un appel d’orgueil un bonheur éclatant.
In Toute vie a son charme, © 1933
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Wikipédia | Gisèle Barbotin
Contribution de PPierre Kobel
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