Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a remis au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la demande d'adhésion à part entière d'un Etat de Palestine, vendredi. M. Ban doit transmettre cette demande pour examen au Conseil de sécurité, qui devrait mettre plusieurs semaines pour se prononcer. (AFP)
À l'heure où les palestiniens attendent que leur pays soit reconnu comme un État à part entière, en regard un poème de Tal Nitzán, poète israélienne publiée par les éditions Bruno Doucey dans Voix vives de méditérranée en méditérranée, anthologie Sète 2011.
Grâce
tu n'apaiseras pas l'humiliation du pauvre affamé
et tu n'éteindras pas la soif brûlante de revanche
ni ne protégeras de ton corps
la maison qu'on démolit
et le landau de la petite fille montant au ciel en tempête
tu ne le saisiras ni ne le reposeras doucement à terre -
tu n'extirperas pas le règne du Malin.
Retourne donc chez toi
va vers ton compagnon, ton unique,
celui que tu aimes, 1
vers la supplique jaune de ses yeux fendus
et enfouis ton visage dans sa fourrure.
Une caresse
au chat unique
au monde.
1 Génèse 11, 2 : "Ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes - Isaac"
Extrait de Soirée ordinaire, traduction Colette Salem, © Al Manar, 2011
Notice biographique des éditions Bruno Doucey : Poète et traductrice, Tal Nitzán a remporté plusieurs prix dont le Prix du ministre de la Culture attribué à un premier recueil de poésie pour son livre Domestica (2002) ou le Prix de l'Association des éditeurs pour son second ouvrage Un soir ordinaire (2006). On lui doit l'anthologie D'un burin de fer (2005) qui inclut 99 poèmes israéliens écrits ces vingt dernières années contre l'occupation israélienne. Tal Nitzán a notamment traduit Cervantes, Machado, Neruda, Paz, Borges, Garciá Marquez, Toni Morrison, Ian McEwan. Elle a notamment obtenu, en 1995 et 2005, le prix de la création attribué à des traducteurs par le ministre de la Culture. La médaille du Président chilien lui a été attribuée en 2004 pour ses traductions de la poésie de Pablo Neruda.
PPierre Kobel
Vouloir vivre
S'il arrive au peuple, un jour, de vouloir vivre,
Il faudra bien que le destin réponde,
Il faudra bien que s'ouvre la nuit,
Il faudra bien que cèdent les chaînes.
Celui que le désir de vivre n'a pas étreint à bras le corps,
S'évapore et disparaît au grand ciel de la vie.
Ainsi m'ont dit les êtres, tous les êtres.
Ainsi m'a parlé leur esprit caché.
Au sommet des montagnes, au plus secret des arbres,
Dans la mer déchaînée, écoute murmurer le vent :
"Que je me tourne vers un lieu du monde,
Et je m'habille d'espoir, et me dépouille de prudence.
Je ne crains la rigueur des sentiers,
Ni le feu le plus altier.
Refuser la montagne haute,
N'est-ce point vivre, à jamais, au fossé ?
Poème de AboulKâssem al-Châbbî, extrait de La Poésie arabe, Petite Anthologie, Collection "Il suffit de passer le pont" dirigée par Héliane Bernard et Alexandre Faure, parue en mars 1999.
L'auteur est tunisien né en 1909, mort en 1934. Il est le plus connu des poètes maghrébins de XXème siècle, adulé dans son pays, il a été salué partout dans le monde arabe comme chef de file du romantisme cf site "la poésie" perse de Stéphane Parédé.
Complément proposé par Roselyne Fritel
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