Publié en 2009 par les éditions L’Oreille du Loup, ce volume est divisé en deux parties, la première consacrée à soixante dix textes réunis sous deux titres génériques, La Belle Mendiante et Le cœur solaire et la seconde aux lettres adressées par René Char à G. Althen.
À première vue, le rapprochement de cette correspondance avec les poèmes peut susciter des interrogations, mais se trouve parfaitement justifié à la lumière des faits, ainsi que s’en explique l’auteur dans son introduction.
G. Althen, jeune universitaire, poète et grande admiratrice de la poésie de René Char, rencontre celui-ci au cours de l’été 1974 lors d’un vernissage d’exposition à Carpentras. Son but, peut-être téméraire mais pas gratuit étant de faire juger son travail en poésie. Le maître l’accueille avec sa générosité habituelle, lit les textes qui lui sont soumis avec étonnement puis admiration tant ils lui paraissent d’une maîtrise exceptionnelle. Il s’ensuit un courant épistolaire suivi, avec échange de poèmes de part et d’autres entre 1974 et 1981, où on peut suivre le début et l’épanouissement d’une amitié littéraire.
Quand on lit La Belle Mendiante, on n’est pas étonné de la réaction admirative de R. Char, tant l’influence de celui-ci est visible dans la forme, textes courts en prose poétique, et pour le fond , une langue fluide, comme celle de R. Char, traversée d’images éblouissantes mais qui ne se laisse pas apprivoiser d’emblée.
Gabrielle Althen fait partie du peloton de tête des poétesses majeures qui font honneur à la poésie française.
Elle est également romancière, nouvelliste et essayiste et a fait carrière comme professeur de littérature comparée à l’Université de Paris X-Nanterre.
« Il y a vers l’aigu, les copeaux de la joie qui roulent avec le vent et se dévêtent…Puis il y a bien loin à l’écart du cœur et des éclats de l’air, le chemin attentif des racines du bronze. »
in La Belle Mendiante, p.14
L’AUTRE DEUIL
« Où commence mon rival, avance ma limite. Mon champ grandit à dents de flammes. Jamais je n’eus d’égal que dans les mares honteuses du passé.»
in La Belle Mendiante, p.23
DISTANCE
« C’est une douleur sans espoir quoique discrète, qui plaque ses deux mains sur la nuque, et l'on sait qu’aucun oiseau même noir ne s’en évadera plus. Le ciel pourtant met à nos pieds ses roses de nuages ; rien n’empêche l’hiver de clamer trop haut sa distance, et tant d’ors consolident au fond les solitudes. Aussi est-il vrai que ni outils ni lendemains n’apaiseront l’amertume qui tient lieu de la bouche, et que seule demeure la dérive praticable du regard dans le vent. »
In Le Cœur Solaire, p.64
Internet :
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Gabrielle Althen sur Poezibao : plusieurs recensions sur son œuvre et le récit d’une rencontre au café François Coppée, à Paris.
- Sur Wikipedia
- Sur le site du Printemps des Poètes, une bio, bibliographie complète
Contribution de Jean Gédéon
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