Le poète, essayiste et passeur de poésie Georges Jean est décédé le 19 décembre 2011. Pour tout enseignant d'école élémentaire qui accorde de l'importance à la poésie dans sa pédagogie, il est probable d'avoir croisé l’œuvre de Georges Jean qui n'a cessé de promouvoir par ses activités et ses écrits le rôle formateur et le plaisir de la poésie auprès des jeunes enfants. Dans la présentation du Premier livre d'or des poètes, paru en 1975 chez Seghers, il écrivait : « (…) pour dire ces textes, il suffit de bien les lire, de se les dire, de rêver autour, de s'amuser avec eux, mais de s'amuser, si j'ose dire, sérieusement… en cherchant à ne jouer ni aux grandes personnes qui ne veulent plus être des enfants ni aux enfants qui ne sont pas encore des grandes personnes. C'est-à-dire que l'on devrait proscrire également l'esprit de sérieux et l'infantilisme, la puérilité niaise où tant de « poésie pour les enfants » conduisent. » Et d'ajouter ceci auquel on ne peut que souscrire : « (…) le plaisir de jouer avec les mots mène peu à peu au plaisir grave et profond et charnel de laisser activement les mots des poèmes transformer l'homme et ses prises sur le monde. »
Né à Besançon en 1920, Georges Jean, après des études de lettres et de philosophie, est devenu instituteur puis formateur à l'école normale du Mans et à l'université du Maine. Il n'a cessé de voyager de par le monde pour faire des conférences et partager son message en faveur de l'expression poétique.
À quelques semaines d'un Printemps des poètes qui met en exergue la relation de la poésie et de l'enfance, il convient de na pas oublier le travail incessant d'un passeur tel Georges Jean.
Internet
- Une bibliographie complète dans la fiche que lui consacre le Printemps des Poètes
- Une page sur le site de Pierre Perrin
Contribution de PPierre Kobel
Deux textes de Georges JEAN
D'abord son introduction au recueil L'Arbre en poésie, paru à Folio junior, chez Gallimard, en 1981
Forêt des arbres, immobiles dans leur mouvance, vivants, dressés haut sur la terre et enracinés au plus profond, changeant souvent d'apparence au gré des saisons, qui contiennent et figurent certains de nos rêves.
Mais les arbres ne sont pas seulement forêts de nos symboles, ils existent différents, réels. Sont surtout rassemblés ici des « arbres de paroles » qui amènent le lecteur attentif et donc créateur à toucher les écorces, à sentir dans son corps la verticalité droite ou tordue des troncs, à se ramifier littéralement dans les branches, à se multiplier comme les feuilles…
L'arborescence des mots, l'efflorescence des poèmes aident à mieux voir et à mieux entendre les arbres du monde.
Tsourayouki, un poète japonais du Xème siècle, disait : « la poésie (de Yamatou) a pour racine le cœur humain, et pour feuilles des milliers de paroles. »
puis l'un de ses poèmes, à la page 114 du recueil
Arbres
Arbres l'hiver Le ciel est proche
Réseau de fer sur les nuages
Présence rivée à l'argile
Au sable au silex à la boue
Tendus comme l'homme Dressés
Longues racines de douleur
Écartelés comme les mains
Que traversent les oiseaux noirs
Des mots
venus des sources sombres
Jusqu'à l'écorce du poème
Complément de Roselyne Fritel
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