Au lendemain du 10 mai, journée de commémoration de l'esclavage, un texte de Monchoachi, grand et très discret poète martiniquais.
Peut-être les mots ne sont-ils
Que des pelles
Parfois ardentes
Qui servent à ensevelir la douleur. Sans doute
Avons-nous offensé le messager
Venu pour nous délier la langue.
Et tandis que
Là il s'élance vers la lumière
En l'enlaçant et en l'étreignant,
Lui, abaisse les cils
Consentant : d'être sous ce destin,
En lui, de sombrer.
Il n'y a guère que les oiseaux
Qui ont ces gestes qui nous vont droit
Au cœur
Lorsqu'ils volent dans le sel gemme
Et disparaissent silencieux
Entre la frange obscure
Et la lumière,
S'efforçant de leurs ailes d'éventer
L'insondable conjuration.
Et aussi bien, nous
Avec eux, devons nous contenter
De la suave et ineffable splendeur
D'un mèsi, délivré
Et dissipé dans l'instant.
In L'Espère-geste, 2002
In l'anthologie Outremer, © Bruno Doucey, 2011, p.94
Internet
- Article Wikipedia
- Sur le site Île en île
Contribution de PPierre Kobel
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