A
l’usage des humbles, de ceux qui s’aiment, j’écris que la
terre est dure, que tout passe, hormis l’amour.
J’écris ce
que je sais et ce que nous savons, mais que nous avons à mieux
connaître pour vivre,
Que la fougère épouse le houblon,
Que
l’amour n’est jamais malheureux.
J’écris à longue haleine
parce qu’au bout du souffle il y a le rire à délivrer.
J’écris
le monde qui sera.
Ce n’est pas en un jour qu’il viendra, mais
après un long respect, une longue connaissance.
J’écris pour
assumer le bonheur.
Et que m’importe comment si l’herbe
au crépuscule a un langage stellaire.
Si je dis que tout est
familier, ceux qui s’aiment entrent sans hésiter dans le système
des gravitations.
M’entendez-vous ? La mer est à ma porte
et je ne la retiens que par un tout petit peu
d’imagination.
M’entendez-vous lorsque j’accorde audience
aux grands thèmes de passage.
Je me bats avec les éclats de
rire, les armes de la jeunesse, avec la centaurée sauvage, la
bourrache et le lotier.
J’appelle au nom de la santé des prés,
de la houle des sainfoins, de la sueur des hommes.
J’appelle au
nom des cheveux de l’aimée, d’une main prise sur l’épaule,
d’un avenir commencé à deux.
Avec les armes du plaisir, avec
les larmes du désir.
J’écris le bonheur sur la table.
In « Les Maisons de feuillage » - © La poésie contemporaine de langue française – France Loisirs, février 1992, Page 236
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Contribution de Hélène Millien
On chemine dans ce texte, les sens en alerte, prêts à savourer le bonheur...
Merci !
Rédigé par : Eleusis | 03 février 2015 à 19:37
Magnifique texte. Il fait du bien dans cet hiver qui s'étire, pour continuer à croire au printemps.
Rédigé par : marie-christiane Moreau | 25 février 2013 à 10:37