Qui dira ma robe fourrée
De la belle pluie dorée
Qui Daphnes enclose ébranla :
Je ne sais rien moins que cela.
Qui dira qu'à plusieurs je tends
Pour en avoir mon passe-temps,
Prenant mon plaisir ça et là :
Je ne sais rien moins que cela.
Qui dira que je t'ai révélé
Le feu longtemps en moi célé
Pour en toi voir si force il a :
Je ne sais rien moins que cela.
Qui dira que, d'ardeur commune
Qui les jeunes gens importune,
De toi je veux... et puis holà !
Je ne sais rien moins que cela.
Mais qui dira que la Vertu,
Dont tu es richement vêtu,
En ton amour m'étincela :
Je ne sais rien mieux que cela.
Mais qui dira que d'amour sainte
Chastement au cœur suis atteinte,
Qui mon honneur onc ne foula :
Je ne sais rien de mieux, que cela.
Rymes in Les plus belles pages de la poésie française © Sélection du Reader's Digest 1982, p.98
Pernette du Guillet née à Lyon en 1520, y décède en 1545. Dès l'âge de seize ans, elle est admirée puis aimée par le poète Maurice Scève, alors âgé de 35 ans. La grande passion sans doute platonique, qui les habite l'un et l'autre n'est pas interrompue par le mariage de Pernette avec le sieur du Guillet et incite Scève à écrire sa Délie, publiée en 1544. Pernette mourra l'année suivante, laissant une œuvre poétique où l'influence de Maurice Scève est manifeste, mais qui s'éloigne toutefois de son style par des accents plus intimes, sous les dehors d'une écriture enjouée et badine.
Ibid p.789
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Contribution de Roselyne Fritel
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