Dans ma bête
Je me retire dans ma bête
Avec mon miel, ma planche à clous,
Deux rossignols brouteurs d’idées,
Un jeune azur, un vieux cloaque
Et six fleuves docilement
A mes pieds comme de bons chiens.
Je me retire dans ma bête
Avec mon miel, ma planche à clous
Et juste ce qu’il faut de mouches
Pour tourner au nez d’un lion.
J’emporte tout, je ne vous laisse
Que ma couronne sur le seuil.
J’ai soif ; ma bête
Me tend la bouche.
J’ai faim, ma bête
Me tend le sein.
Chaud qu’il fait dans ma bête et doux !
Il fait éternel, éternel…
Ma bête est une grotte lisse
Comme le ventre de ma mère.
J’emporte tout, je ne vous laisse
Que ma couronne sur le seuil.
J’ai peur, ma bête
Me tend son aile.
J’ai froid, ma bête
Me tend son ventre.
Ah, je suis l’œuf dans sa coquille !
Par un grand festin solitaire,
Je goberai tous mes trésors,
Mes fleuves, mes lions, mes mouches,
Ne gardant pour seule fortune
Que mon miel et ma planche à clous.
J’ai sommeil, ma
Bête me tend
Son insondable
Obscurité.
Et toi, va briller sur leurs têtes,
Couronne de papier brûlé !
In « Bal masqué parmi les comètes », © France loisirs, La Poésie contemporaine de langue française, Tome 1, 1992, page 244
Internet
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Norge, un poète de la Belgitude, un article de Jean Gédéon dans La Pierre et le Sel
Contribution de Hélène Millien
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