« Séquence frissonnante, j’entre à Kandahar
précédé de quatre léopards des neiges…
Je ne somnole pas, je lis du visible à ciel ouvert… »
André Velter, Etapes brûlées
Toi qui as vingt ans
et qui n’écoutes pas de musique
Toi pour qui depuis toujours
ville et ruine sont des synonymes
Toi qui n’as toujours su voir
que des femmes invisibles
Que fais-tu dans cette mer de sable
et dans ces labyrinthes de cavernes
à regarder neiger des bombes
à voir fleurir des mines explosives
qui transforment les passants en fous feux d’artifices ?
Toi qui as vu les soldats russes
le pouvoir taliban
et la rébellion du nord
voici venir maintenant les États-uniens
Sais-tu qu’ils ont perdu quelques avions
quelque part dans une lointaine Amérique ?
T’a-t-on dit qu’on a mis en échec
leurs deux plus hautes tours ?
Vois-tu aujourd’hui pleuvoir les sacs-secours jaunes
de loin les distingues-tu-bien
parmi toutes ces autres bombes qui tombent
comme tous les jours depuis que tu es né ?
Et vois-tu bien avant que les missiles cette nuit n’explosent
que le drapeau peint dessus n’a plus les mêmes couleurs qu’avant ?
On dit que ce serait celles de la liberté
comment dit-on ce mot dans ta langue natale ?
Si tu l’ignores comme tant d’autres choses vaines
est-ce vraiment parce que tu n’es jamais à l’école ?
Sauras-tu bientôt que la guerre
n’est pas l’unique pain quotidien ?
Verras-tu un jour que la paix est elle aussi
une forme étrange de la vie ?
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Contribution de Hélène Millien
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