La mort et le deuil sont parmi les thématiques récurrentes de la poésie. Trois textes suivent qui enchaînent les moments de la fin qui s’approche au constat de la mort jusqu’aux interrogations qui la suivent.
Le premier texte est extrait d’un recueil d’Olivier Deschizeaux dont le recueil fait partie d’une nouvelle collection, L’Orpiment, dirigée par Lionel Bourg, des éditions le Réalgar qui s’ouvrent ainsi à la poésie avec la parution de quatre ouvrages par an. Les deux textes suivants sont extraits des recueils de Laurence Bouvet et de Mireille Fargier-Caruso parus chez Bruno Doucey, textes dont la langue très personnelle traduit pour chacune une expérience douloureuse que l’écriture a contribué à surmonter.
Olivier Deschizeaux
Maman est comme la nuit, elle s’éteint doucement,
lentement, sans un bruit, sans un cri entre ses quatre murs
blancs, sans un regard, notre vie si brève s’en va, maman est
loin, ses paupières sont du sable, de la poussière qui
l’emporte sans promesse, sans un au revoir, elle part, et moi
dans cet enfer
ce monde sans avenir
que vais-je devenir ?
In Et la mort comme reine, © le Réalgar, collection l’Orpiment, 2016, p.38
****
Laurence Bouvet
La voix de cet air répétant Ta mère est morte
Feuilles au pied de l’arbre pour fendre
Et le crâne et le temps dans le couloir
N’en pouvais plus tu n’en veux plus
Cœur serré de nos pleurs
Cœur lâché dans que la raison ne
Dans le couloir ne pas déranger ne
Pas mourir sous vos yeux dans le lit bleu ?
Non plus non Père parti plutôt crever !
La voix de cet air répétant Ta mère est morte
In Comme si dormir, © Bruno Doucey, 2013, p.11
****
Mireille Fargier-Caruso
Où va le souffle après ? Où vont les mots ?
Belle histoire la terre qui rejoint le ciel
Croire dépasse le réel
Quels signes dans les spectres évanescents des nuages ?
Quelles paroles en l’air ?
Les yeux blessés par chaque deuil coagulé
Sillons profonds des ans retenus contre soi
Précipices sans bord
Résistent tout au fond blancheur aiguë du sable
Ces moments où s’impose l’amour tellement
Qu’on se croit éternel
Accordé au monde
In Un lent dépaysage, © Bruno Doucey, 2015, p.17
Hélène Vincent et Vincent Lindon dans le film Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé
Internet
- Éditions le Réalgar
- Éditions Bruno Doucey
- Dans La Pierre et le Sel : Entretien | Laurence Bouvet | Comme si dormir du 28/05/2013
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires