Dans la chambre où je fus rêvait un long lézard
Qu’embrasait un soleil ignoré par le ciel,
Des oiseaux traversaient le haut toit sans le voir,
Je me croyais masqué par mon propre secret.
Des visages nouveaux formés par le hasard
Riaient et sans que l’on perçût le moindre rire.
L’air était naturel mais il était sans bruit,
Tout semblait vivre au fond d’un insistant regard.
Comme se dévoilait l’épaule d’une femme,
Un homme qui sortit d’un pan profond du mur
Me dit en approchant son corps plus que son âme :
« Comment avez-vous fait pour venir jusqu’ici,
Votre visage est nu comme une main qui tremble.
Vous avez beau cacher vos yeux et vos genoux.
Chacun vous vit entrer et nul ne vous ressemble,
Allez-vous-en, le jour même, ici, vous déroute
Et rien entre ces murs jamais ne songe à vous. »
In Le Forçat innocent, © Œuvres poétiques complètes, Gallimard 1996
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- Dans La Pierre et le Sel : Jules Supervielle, un poète entre deux mondes, une contribution de Jean Gédéon
Contribution de PPierre Kobel
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