La poésie de Kate Tempest est faite pour être dite à haute voix. Elle s’inscrit entre le hip-hop, le rap et la scène vocale. Poète, dramaturge, romancière autant que rappeuse, née en 1985 à Londres, elle délivre sur scène une énergie et un sens de l’improvisation qui est le résultat d’un travail suivi et de longue date.
Le recueil Les nouveaux anciens dont est extrait le texte suivant revisite notre humanité fragile et quotidienne à l’aune des mythes anciens et d’une divinité qui est celle de chacun. Portée par un souffle puissant, sa langue s’inscrit dans une dénonciation créative de notre société. « Le rôle de l’artiste, c’est d’examiner ce qui se passe dans son époque, de communiquer et de nous rappeler notre humanité, en racontant une histoire ou en jouant de la musique. » dit-elle
[…]
Les dieux sont tous là.
Car les dieux sont en nous.
Les dieux sont au PMU
les dieux sont au café
les dieux font des pauses clope là-derrière
les dieux sont au bureau
les dieux sont à leurs bureaux
les dieux n’en peuvent plus de toujours donner plus pour moins,
les dieux sont en rave -
à deux cachets de profondeur dans la danse -
les dieux sont dans l’allée en train de rire
les dieux sont chez le médecin ils ont besoin d’un petit truc contre le stress
les dieux baisent aux chiottes sans capotes
les dieux sont au supermarché
les dieux rentrent chez eux à pied,
les dieux ne peuvent pas s’empêcher de zoner sur Facebook
les dieux sont dans un embouteillage
les dieux sont dans le train
les dieux regardent la pub
ils ne sont pas coupables -
ils travaillent pour la mairie
puis les voilà au chômage
la paye des dieux finit en alcool pissé au fond des WC
les dieux sont dans leurs jardins
avec leurs terrasses et leurs plantes
les dieux sont en classe
les pauvres, ils n’ont aucune chance
ils essayent de dire la vérité
mais la vérité est dure à dire
les dieux sont nés, ils vivent un temps
et puis ils vont mourir.
In Les nouveaux anciens, © L’Arche, 2017, p.15-16
Traduction par D’ de Kabal et Louise Bartlett
Bibliographie partielle
- Les nouveaux anciens, © L’Arche, 2017
- Éoute la ville tomber, © Rivages, 2018 – Traduction de l’anglais par Madeleine Nasalik - Roman
Internet
- Fiche Wikipédia
- Un article dans les Inrocks
- Kate Tempest sur France-Culture
- Une rencontre à la Maison de la Poésie
- Une note de lecture dans Des mots sur l’éphémère mouvement
Contribution de PPierre Kobel
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