Un jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente et la colonne vertébrale qu’elle est pour aller au-delà du discours quotidien, du réel.
Michel Baglin
Je ne rends pas grâce à la peur, qui arme notre fragilité de ses mauvais alibis.
Mais à l’inquiétude, oui. Aux oreilles dressées, aux cœurs battants.
Aux paupières qui ne se ferment pas docilement avec la nuit.
Aux aguets. Aux alertes qui nous valent de ne pouvoir consentir tout à fait au sommeil des justes
alors que des hommes dehors n’ont que des remparts de carton à dresser contre le froid
et que la paix n’est plus que le fruit blet des combats perdus.
***
Je rends grâce à ma naissance qui m’a fait Noir, même si ça ne se voit pas.
Arabe, aussi. Et Juif un peu, même si je ne crois pas qu’un dieu puisse me délivrer la carte d’identité des hommes.
Indien encore, et bien que trompé, pillé, exterminé depuis.
Dissident de quelque minorité ethnique. Minoritaire à l’heure des prises de pouvoir.
Oui, Noir, Indien, Juif, Arabe et dissident pour m’inventer des frères.
De ces frères tellement bafoués qu’ils n’ont plus de couleurs sur leurs drapeaux
et que leurs dieux leur ont tourné le dos.
In L’Alcool des vents, © Rhubarbe
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Contribution de PPierre Kobel
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