La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Je vous écris d’un pays qui s’éteint.
Une lueur au petit matin
rougit à peine
les jours stratifiés.
L’air se raréfie
comme si le gris du ciel
le captait dans sa cendre.
Je marche cependant
non loin des petits bruits
qui accompagnent les maisons.
Où est la pensée légère
claire parmi les giroflées des murs ?
Où sont les coulées de glycine
les couleurs après pluie
ruisselant jusqu’aux yeux ?
Aucune main ne retient l’eau.
Les coques des amandes de l’an passé
sont vides.
Les mots portent leur soif
et la pensée se sauve d’elle-même.
Je vous écris à vous
qui avez été une lumière telle.
J’écris de morte voix.
L’obscurité rejoint.
In 111 poètes d’aujourd’hui, © Maison de la poésie Rhône-Alpes/Le Temps des Cerises, 2005
Contribution de PPierre Kobel
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