La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Un jour je te tuerai et ce sera la fin de l’été.
Les branches seront lourdes de tous les fruits portés
et le soleil éclatera comme un regard.
Il y aura cette fausse joie dorée au fronton des arbres
et la douceur des fleuves en mémoire des caresses
au bout de la fatigue et de sa vérité.
Tu auras épuisé la sève des saisons et tes branches
brilleront d’un sel de statue.
Tu te seras vêtu de ton manteau d’orgueil
tout tissé de mon désespoir et je ne pourrai plus te reconnaître.
Je frapperai aveugle comme un taureau des premiers âges.
Comme un taureau longtemps muré hors du soleil hors
de la douceur de l’herbe
Toi tu seras soigneusement vêtu pour un hiver de raisons et de graines.
Tu auras construit ta maison sur les ruines même de l’amour,
à l’abri de la pluie vainement à l’abri des larmes.
In Au niveau de la Mer, © Millas-Martin, 1967
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Contribution de PPierre Kobel
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