La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
Chant du matin
Amour, l’amour a réglé le rythme de ton cœur comme une grosse montre d’or.
La sage-femme a giflé les plantes de tes pieds, et le pur cri de toi
Pris sa place aussitôt parmi les éléments.
Nos voix résonnent à la gloire de ta venue. Statue nouvelle
Dans un musée rempli de courants d’air. Ta nudité
Menace notre sécurité. Nous t’entourons comme des murs ébahis.
Je ne suis pas plus ta mère
Que le nuage qui distille un miroir où longuement se refléter
Avant de disparaître au gré du vent.
Toute la nuit ton souffle de papillon
Vibre au milieu des roses toutes roses. Je m’éveille et j’écoute :
Un océan lointain roule dans mon oreille.
Un seul cri et je saute hors du lit, trébuche, bovine et florale
Dans ma chemise de nuit victorienne.
Tu ouvres une bouche aussi nette qu’une gueule de chat. La vitre
Pâlit et ravale ses étoiles. Alors tu essaies
Ta poignée de notes ;
Les voyelles lumineuses s’élèvent comme des ballons.
In Ariel, © Gallimard, 2011
Traduction par Valérie Rouzeau
Bibliographie partielle
-
Sylvia Plath, Oeuvres, Quarto/Gallimard, 2011
Internet
-
Wikipédia | Sylvia Plath
-
Wikipédia | Ariel
Contribution de PPierre Kobel
Commentaires