La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Daniel Martinez
D’avant la soif et d’après l’eau
Oublié de moi-même pour n’être plus
qu’un vague à l’âme sous la touffeur de midi
parc de la Brèche aux loups l’autre rive si loin
accompagne de ses vœux l’éblouissant manège
d’avions dans la ciellée et d’un visage à l’autre
inverse le vertige de l’adieu
Sur le tapis des pas la terre est un sillage
Gaëlle et Diane s’en amusent
le soleil à présent quête l’horizon
entre les herbes remuées d’invisibles sauterelles
brouillent le babil de la lumière
les risées s’estompent l’enfance dispersée
On ne saura qui se récuse
dans la retenue du cœur
vivre c’est l’architecture que les yeux gardent en mémoire
la robe et la crinière du peintre d’avant la soif et d’après l’eau
il fait doux sous les lèvres du Silencieux
les cirrus semblent flocons de l’au-delà
il n’est rien à cette heure pour nous en détourner
Mais que dire que faire qu’inventer pour satisfaire
le désir d’éternité sans cesse contrarié
l’air violet tremble dans le silence
plus rien que l’image sans cesse répétée
de ce départ sans retour possible
à même le monde transpercé par le temps
In Diérèse 88, Automne 2023
Internet
Contribution de PPierre Kobel
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