La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Françoise Le Bouar
Petite suite ariégeoise
Tu trouves les mots pour dire
comment tintent les clarines
éparpillées là-haut,
dans l’herbage.
Trois chevaux, une brebis se montrent
et disparaissent.
Puis, d’un même mouvement,
s’étonner du jour qui passe
et se tourner vers le lendemain.
*
Tu appelles bravement
chaque chose par son nom
qui n’existe plus que dans quelques bouches.
Tu le sais
et continues.
*
Sa langue qui meurt
et son unique poème,
toujours révisé
– toute chose désignée,
le paysage comme épelé –
grand inventaire de terre et de ciel,
de la vallée au pic enneigé :
que rien ne disparaisse.
– Avec qui parler désormais ? Me dit-il.
In Le fouillis du ciel, de la Terre et des eaux, © L’herbe qui tremble, 2018
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Contribution de PPierre Kobel
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