La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Mirela Papuçiu
Le violon
"On se voit en hiver", dit-il
Sans attendre ma réponse
il commença à planter des arbres
Des arbres
Des arbres
Des arbres
Tout une forêt
Il planta aussi un sapin
un ébène
et un érable
Des saisons passèrent
et les arbres furent nourris
du chant des oiseaux
Ils devinrent grands
En automne il me disait
"On se yoit en hiver"
Et tel un arbre je fus nourrie
des cordes de sa poitrine
Je riais
Ce fut un automne tardif
De l'arbre abattu par le premier orage
il fit le manche de la hache
avec laquelle il coupa le deuxième arbre
le troisième, le quatrième…
ce qu’il fallut pour construire
une petite maison chaude
pour deux
Il en coupa d'autres,
des fagots pour la cheminée
Quand ce fut le tour
du sapin
de l’ébène
et de l'érable…
je devins violon
In Faisceau de lumière, © Pourquoi viens-tu si tard ?, 2024 – Traduction de l’albanais par l’auteure
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Contribution de PPierre Kobel