La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. » Montaigne
Chaque jour un texte pour dire la poésie, voyager dans les mots, écrire les espaces, dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente. Pour se laisser ravir et ravager.
La grande liberté de la poésie, c’est de décider du rythme et de la direction du parcours. C’est de transformer le monde en son jardin, le dérisoire en pierre de touche pour le choix des mots et la répartition des couleurs.
Les ornithologues, pour séparer pluviers dorés et argentés, cherchent à percevoir, lors des envols, une présence de l’aisselle noire des seconds. De même, une syntaxe un peu inhabituelle ou le glissement d’un terme sur les marges du sens marquent la poésie et procurent la joie d’une familiarité avec l’inconnu. Le balbuzard faisant le Saint-Esprit, les serres pendantes, laisse entendre la mort du poisson. Ainsi certaines images nous perforent la mémoire : elles transportent la réalité en la fixant. Nous pouvons les conserver et les ouvrir en secret, comme ces gravures sur lesquelles les hommes de la Renaissance articulaient des volets pour ne pas les exposer indûment à la lumière.
In Écrits de nature, Atlantique Nord, © Maurice Nadeau, 2020
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Wikipédia | Alexis Gloaguen
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La Pierre et le Sel | Alexis Gloaguen, voyageur des mots
Contribution de PPierre Kobel
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