La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Ce mois de mai 2025, les éditions Bruno Doucey fêtent leurs 15 ans d’existence. Une longue aventure que j’ai partagée depuis ses débuts par l’amitié et des collaborations. C’est l’occasion durant quelques jours de célébrer cet anniversaire en mettant le projecteur sur les livres et les auteur(e)s de cette maison, emblématique de l’engagement et de la vitalité de la poésie la plus contemporaine, de l’ouverture au monde et du souci de le préserver contre les rapaces et les destructions de toutes sortes.
Laurence Bouvet
C’est-à-dire que ton rire rit en moi
Que tes pleurs pleurent en moi
Qu’il a plu d’un ciel sans nuage
Des lambeaux insoupçonnés
Que ton pas ô rythme de mes pas sur cette neige
Ôtant au décor et l’époque et son âge
Les pleins et les creux courant sur ton visage
L’oiseau noir mesure matin borgne
Le dernier de tes soupirs mais la terre délicate
Te prolonge de ses encres déliées
In Comme si dormir, © Bruno Doucey , 2013
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Michel Baglin
S’absenter
1
Qu’on regarde au-dehors, le dedans vous reprend.
On voudrait être au monde, on ne sait qu’échapper.
Et tout ceux-là qu’on croise et voudrait arrêter
ont le pas trop rapide et sont pris par l’élan.
Qui parle des lointains évoque une autre vie.
Et c’est pour mieux tromper ce sentiment de n’être
qu’en exil ici-bas, un voyageur peut-être
mais qui ne pèse pas et reste sans appui.
Nous avons des manies de vivant qui s’absentent,
qui pour prendre enfin pied s’accrochent à des leurres
en faisant reculer l’horizon qu’ils s’inventent.
Partir est toujours une façon d’être là,
lever l’ancre encore un rêve de pesanteur,
et c’est pour aller plus loin qu’on ne s’en va pas.
In Un présent qui s’absente, © Bruno Doucey, 2013
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Éditions Bruno Doucey | Laurence Bouvet
Contribution de PPierre Kobel