La poésie « est au-dessus des règles et de la raison.
Elle ne pratique point notre jugement ; elle ravit et ravage. »
Montaigne
Un texte pour dire la poésie,
voyager dans les mots, écrire les espaces,
dire cette « parole urgente », cette parole lente, sa liberté dissidente.
Pour se laisser ravir et ravager.
Philippe Pichon
Main , un pente de vent.
La terre s’ébruite, s’ajoute à la lumière.
Dans la rue les visages, au fond les montagnes dont les jambes s’écartent en rêvent.
Les arbres ont déjà fait le tour du monde, ils n’ont plus besoin de courir.
La mer est ce gris là-bas qui devance le paysage.
L’étendue fait rage, demain chiffonné que l’on reprend.
La forme remonte à la surface, nue dans le jour.
L’odeur glacée des sources, le pan battant de l’horizon.
Nous n’avons plus de liens, ailleurs n’existe pas.
Emportant le silence dans un sac, nous finissons à chaque pas nos regards.
Le froid brandit le ciel, qui s’abat d’un coup.
La nuit facile s’éloigne toujours, disparaît sans se retourner.
La ville muette, les yeux baissés, rentre dans la nature.
Le jour attend un peu, laisse l’aube boire l’univers,
délicatement, sans souffler les lumières ni ouvrir aucun cri.
La montagne étourdie par tant de ciel, ne bouge plus.
Voici la lumière assise dans la neige avec un seul oiseau noir.
La terre se dépêche, mais nous n’avançons pas plus loin que le ciel.
Une chapelle, murmure à la façon des arbres sans pouvoir prononcer le mot.
La solitude est le seul chemin, la porte restée ouverte.
Dans le café plus étroit, le crissement des pensées, le sable de la pluie.
Les gens touffus se gardent pour d’autres, qu’ils ne verront jamais.
Le seuil s’est détaché, ce n’était pas cette parole.
On suit longtemps avant d’être ce que l’on était toujours,
le soir l’herbe se dirige vers le lac.
In regards, © pourquoi viens-tu si tard ?, 2025 – Avec des illustrations de Jacques Cauda
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Contribution de PPierre Kobel
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