Fugue
de mort
Lait
noir de l'aube nous le buvons le soir
le buvons à midi et le
matin nous le buvons la nuit
nous buvons et buvons
nous
creusons dans le ciel une tombe où l'on n'est pas serré
Un homme
habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il écrit
quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux d'or
écrit
ces mots s'avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle
ses grands chiens
il siffle il fait sortir ses juifs et creuser
dans la terre une tombe
il nous commande allons jouez pour qu'on
danse
Lait noir de l'aube nous te buvons la nuit
te buvons
le matin puis à midi nous te buvons le soir
nous buvons et buvons
Un homme habite la maison il joue avec les serpents il écrit
il
écrit quand il va faire noir en Allemagne Margarete tes cheveux
d’or
Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une
tombe où l'on n'est pas serré
II
crie enfoncez plus vos bêches dans la terre vous autres et vous
chantez jouez
il attrape le fer à sa ceinture il le brandit ses
yeux sont bleus
enfoncez plus les bêches vous autres et vous
jouez encore pour qu'on danse
Lait noir de l'aube nous te
buvons la nuit
te buvons à midi et le matin nous te buvons le
soir
nous buvons et buvons
un homme habite la maison Margarete
tes cheveux d'or
tes cheveux cendre Sulamith il joue avec les
serpents
II crie jouez plus douce la mort la mort est un
maître d'Allemagne
il crie plus sombres les archets et votre
fumée montera vers le ciel
vous aurez une tombe alors dans les
nuages où l'on n'est pas serré
Lait noir de l'aube nous te
buvons la nuit
te buvons à midi la mort est un maître
d'Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et
buvons
la mort est un maître d'Allemagne son œil est bleu
il
t'atteint d'une balle de plomb il ne te manque pas
un homme habite
la maison Margarete tes cheveux d'or
il lance ses grands chiens
sur nous il nous offre une tombe dans le ciel
il joue avec les
serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne
tes
cheveux d’or Margarete
tes cheveux cendre Sulamith.
In
Choix de poèmes,
Pavot et mémoire
© Poésie/Gallimard 1998, p. 53
Le
poème ci-dessus, daté de 1945, est le plus emblématique et le plus
connu de Paul Celan. Son œuvre entière, en effet, est un long cri
de douleur pour dire l’inexprimable que fut l’holocauste, cette
entreprise industrielle vertigineuse que fut la solution finale pour
nier , faire disparaître un peuple entier et le transformer en
marchandise. Certes, en matière de carnages de masse, les nazis ont
fait par la suite, et encore aujourd’hui, des émules un peu
partout dans le monde. Aucun de ces criminels, cependant, n’a
encore osé atteindre un tel degré d’abjection.
L’œuvre
poétique de Celan, hantée, est celle d’un porteur de fardeau, de
la douleur sans nom, sans mots, sans images, une poésie en
contre-parole, pour décrire l’indicible, comme une langue de noyé,
avec les mots mêmes de la langue des tortionnaires. Celan, en effet,
qui parlait parfaitement français, a voulu, peut-être pour
l’exorciser, que son œuvre soit écrite d’abord dans la langue
des bourreaux, qui était aussi celle de sa mère.
Ainsi
qu’il l’écrit dans une lettre datée de 1946 au rédacteur du
journal zurichois Die Tat : « je tiens à vous
dire combien il est difficile pour un juif d’écrire des poèmes en
langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien
aussi en Allemagne et – permettez-moi d’évoquer cette chose
terrible –, la main qui ouvrira mon livre aura peut-être serré la
main de celui qui fut l’assassin de ma mère… Et pire encore
pourrait arriver… Pourtant mon destin est celui-ci : d’avoir
à écrire des poèmes en allemand. » in Poèmes, © José
Corti 2004, p. 201
Et
d’abord, avant d’essayer d’entrouvrir cette œuvre difficile,
il n’est peut-être pas inutile, pour tenter d’en saisir les
clés, de cerner la personnalité de son auteur.
Il
est né en 1920 en Roumanie, dans une famille juive. Études
secondaires, apprentissage de langues étrangères, allemande,
roumaine, et française. Après le baccalauréat, premier voyage en
France, pour suivre des cours de médecine puis retour en 1939 dans
sa province d’origine la Bucovine, annexée à partir de 1940 par
la Russie, ce qui lui permettra d’apprendre la langue russe.
Ses
parents sont déportés dans un camp de travail roumain, puis dans un
camp allemand où l’année suivante, son père mourra du typhus et
sa mère, d’une balle dans la nuque, selon certains témoins.
Le
poète, s’installe en France en 1948 pour le restant de sa vie,
donne des cours de langue, fait des traductions, et se bâtit une vie
de famille, en épousant une jeune femme aristocrate et catholique,
Gisèle de Lestrange, peintre et graveur, qui va lui vouer un amour
profond.
Leur
relation sera pourtant rendue particulièrement difficile en raison
des crises de délire dont est sujet Celan, au point de nécessiter,
entre 1965 et 1966, son internement en hôpital psychiatrique. Ces
crises qui vont s’aggraver au fil des mois avec, entre autres, pour
résultat une tentative de meurtre sur son épouse et de suicide sur
lui-même, ont leur origine dans un syndrome post-traumatique lié à
la Shoah. À cela, vont s’ajouter des crises de dépression dues
aux soucis causés par une campagne de calomnies déclenchée par la
veuve d’Ivan Goll accusant Celan d’avoir plagié son époux.
Cette
campagne déclenchée en 1953, va être reprise interminablement
pendant de nombreuses années et aura sur le caractère délirant du
poète hanté par la mort son épilogue, en 1970, par un plongeon
définitif dans la Seine par-dessus, pense-t-on, le parapet du pont
Mirabeau proche de son domicile.
À
ce sujet, il y a dans le recueil La rose de personne cet
étrange passage prémonitoire où Celan, plusieurs années à
l’avance, semble annoncer sa disparition.
Et
avec le livre de Tarussa
(…)
De
la pierre de taille
du pont, d’où
il est allé
s’écraser
dans la vie, initié
au vol par les blessures,— du
Pont
Mirabeau.
Où ne coule pas la rivière Oka. Et quels
amours ! (Ça aussi , les amis, du cyrillique,
j’en
ai passé à cheval de l’autre côté de la Seine,
de l’autre
côté du Rhin.)
(…)
In
Choix de poèmes,
La rose de personne
© Poésie/Gallimard 1998, p. 213 (extrait)
Le
recueil Pavot et mémoire
est tiré d’un précédent ouvrage intitulé Le sable des
urnes publié à Vienne, et
retiré avant diffusion par Celan en raison d’un nombre important
de fautes d’impression. De ce premier recueil , écrit entre 1940
et 1948, il n’en retient, pour Pavot et mémoire
que vingt-six, parmi lesquels Fugue de mort,
le texte célèbre placé en tête de cet article. Ce texte décrit
très directement le quotidien des camps de la mort, où on faisait
creuser en musique aux victimes leur propre tombe.
Au
long de ces textes, ainsi d’ailleurs que dans l’ensemble des
recueils du poète se croisent et recroisent des thèmes récurrents
comme l’eau, la neige, la pierre, la pluie, les épis, la bouche,
les yeux les cheveux, l’amande, le cœur. « (…) À travers
eux, ce sont des notions telles que le vide, le deuil, le gris, le
tressage, l’amer, le froid, l’éveil qui sont sollicitées. Mais,
précisément, il appartient à ces motifs de tenir à la fois de
notions et d’images : ils ne sont à proprement parler ni des
thèmes ni des idées ni des métaphores, ils sont d’abord et avant
tout des mots,
lestés d’un poids singulier et dont la valeur et le sens varient
selon la place et l’entourage. Mots-clés ou mots-valeurs, ils
représentent les points nodaux de l’écriture poétique de Paul
Celan. » in choix de poèmes, Maulpoix ©
Foliothèque 2009, p.77
Cristal
Ne
cherche pas sur mes lèvres ta bouche,
ni devant le portail
l'étranger,
ni dans l’œil la larme.
Sept nuits plus
haut rouge s'en va vers rouge,
sept cœurs plus bas la main cogne
au portail,
sept roses plus tard la fontaine bruit.
In
Choix de poèmes,
Pavot et mémoire
© Poésie/Gallimard 1998, p.65
****
La
nuit, quand le pendule de l'amour balance
entre Toujours et
Jamais,
ta parole vient rejoindre les lunes du cœur
et
ton œil bleu,
d'orage
tend le ciel à la terre.
D'un bois lointain, d'un bosquet
noirci de rêve
l'Expiré nous effleure
et le Manqué hante
l'espace, grand comme les spectres du futur.
Ce qui maintenant
s'enfonce et soulève
vaut pour l'Enseveli au plus intime
:
embrasse, aveugle, comme le regard
que nous échangeons, le
temps sur la bouche.
Ibid
p. 71
Le
recueil intitulé De
seuil en seuil publié
en 1955, est dédié à sa femme Gisèle.
Il
s’ouvre par une série de poèmes dont l’écriture très claire
va, dans la suite de l’ouvrage et dans les recueils ultérieurs
devenir de plus en plus condensée, obscure et elliptique.
Ainsi
que l’écrit J.M. Maulpoix, « (…) Le deuil domine ce
recueil où le motif de la veillée est prépondérant : œil et
bougie, nature morte nocturne, cérémonies intimes et funèbres se
succèdent au fil des poèmes.(…) » in choix de poèmes,
Maulpoix © Foliothèque p. 59
Figure
double
Fais
que ton œil dans la chambre soit une bougie,
ton regard une
mèche,
fais-moi assez aveugle
pour l’allumer.
Non,
Fais
qu’autre chose soit.
Avance devant ta maison,
harnache
ton songe pie,
fais parler son sabot
à la neige que tu as
soufflée
du faîtage de mon
âme.
In
Choix de poèmes,
De seuil en seuil
© Poésie/Gallimard 1998, p. 85
****
L’invité
C'est
bien avant le soir
qu'entre chez toi celui qui a échangé le
salut avec l'obscurité.
Et bien avant le jour
qu'il
s'éveille,
et attise avant de partir un sommeil,
un sommeil
résonnant de pas :
tu l'entends traverser à grandes enjambées
les lointains
et lances au loin là-bas ton âme.
Ibid,
p. 89
****
Greffé
sur l’œil
Sur
ton œil est greffée
la brindille qui signalait aux forêts le
chemin :
sœur dans la fratrie des regards .
elle fait
bourgeonner la pousse,
la noire.
À perte de ciel la
paupière se galbe sous ce printemps.
À
perte de paupière le ciel s'étire,
en
dessous, à l'abri du bourgeon,
l'Éternel laboure,
le
Seigneur.
Écoute bien le soc, écoute.
Écoute bien : il
crisse
sur la larme, dure, claire,
la larme immémorable.
Ibid p. 91
****
Nature
morte
Bougies
avec les bougies, scintillances avec les scintillances,
lueurs
avec les lueurs.
Et ici en dessous, ceci : un œil,
dépareillé
et clos,
frangeant de cils le Tard qu'on voyait poindre
sans
être le soir.
Devant, le Non-connu, dont tu es l'hôte ici :
le chardon sans lumière
dont l'Obscur fait cadeau aux
siens,
depuis le Lointain,
pour demeurer inoublié.
Et
puis encore, ceci, porté disparu dans le Sourd :
la
bouche,
pétrifiée et les crocs refermés sur des pierres,
hélée
par la mer
qui toutes les années roule vers le haut ses glaces.
Ibid
p. 101
****
Droit
sur l’île
Droit
sur l'île, à côté des morts,
mariés des forêts à
l'arbre-pirogue,
les bras ceints de ciels vautours,
les âmes
cerclées d'anneaux saturniens :
ainsi rament les étrangers
et libres,
les maîtres des glaces et de la pierre :
ceints
d'un carillon de bouées qui s'enfoncent,
et des aboiements de la
mer bleu squale.
Ils rament, ils rament, ils rament encore —
:
Ô morts, ô nageurs, partez droit devant !
Dans les grilles
aussi tout ça de la nasse !
Demain notre mer va s'évaporer !
Ibid p. 121
Grille
de parole, recueil
publié en 1959, marque une nouvelle progression du poète vers un
langage de douleur si vive qu’elle ne peut s’exprimer que dans un
silence ponctué et à travers une grille symbolique où la voix, à
travers ses ellipses, ne parvient que filtrée et retenue.
Grille
de parole
Rond
d'un œil entre les barres.
Vibratile animal
rame vers le
haut,
permet un regard.
Iris, nageuse, sans rêve et morose
:
le ciel, gris-coeur, doit être proche.
Penché, dans la
bobèche de fer,
le copeau fumeux cracheur de suie.
Au sens
que donne la lumière
tu devines l'âme.
(Si j'étais comme
toi. Si tu étais comme moi.
N'étions-nous pas
sous
un seul et même alizé
?
Nous sommes des étrangers.)
Carrelage.
Dessus,
serrées l'une contre l'autre, les deux
flaques
gris-coeur :
deux
pleines bouches de silence.
In
Choix de poèmes,
Grille de parole
© Poésie/Gallimard 1998, p. 139
****
Esquisse
de paysage
Tombes
rondes, en bas. Tout autour,
à quatre temps le pas de l'an
sur
les marches raides.
Laves, basaltes, roche
rougie au
feu de cœur du monde.
Tuf de source
où pour nous la lumière
a grandi, avant
le souffle.
Vert d'huile, saupoudrée de
mer l'heure
impénétrable. Vers
le milieu, grise,
une
croupe de pierre, dessus,
bossué et carbonisé,
le front de
bête avec
sa lisse rayonnée.
Ibid
p. 151
****
Rapport
d’été
Le
tapis de thym sur lequel
on ne marche plus, qu'on contourne.
Une
ligne vide placée en travers
sur la bruyère des marais.
Néant
porté dans les bris de vent.
Quelques rencontres, de nouveau,
avec
des mots isolés, comme :
éboulement, herbes dures,
temps.
Ibid p. 153
Avec
le recueil La rose de
personne daté
de 1963, Celan fait directement référence au judaïsme et compare
le destin de l’homme à la rose de beauté, dont la floraison
fugitive s’apparente à une sorte de négation, comme furent niées
dans leurs essence les victimes de l’Holocauste.
Psaume
Personne
ne nous pétrira de nouveau de terre et d'argile,
personne ne
soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.
Loué
sois-tu, Personne.
C'est pour te plaire que nous voulons
fleurir.
À ton
encontre.
Un Rien,
voilà ce
que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant :
la Rose de
Néant, la
Rose de Personne.
Avec
le style, lumineux
d'âme,
le filet d'étamine, ravage de ciel,
la couronne
rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô,
au-dessus
de l'épine.
In
Choix de poèmes,
La rose de personne ©
Poésie/Gallimard 1998, p. 181
****
Mandorle
Dans
l'amande — qu'est-ce qui est dans l'amande ?
Le néant.
C'est
le néant qui est et se tient dans l'amande.
Il est là et
continue d'être.
Dans le néant — qui donc est là et se
tient ? Le roi.
C'est le roi qui est là, le roi.
Il est là et
continue d'être.
Boucle de juif, tu ne seras pas grise.
Et
ton œil — vers quoi se tient-il ton œil ?
Ton œil se tient et
fait face à l'amande.
Ton œil, c'est au néant qu'il fait
face.
Il se tient et reste du côté du roi.
C'est comme ça
qu'il est, tient, continue d'être.
Boucle d'homme, tu ne
seras pas grise.
Amande vide, bleu roi.
Ibid p. 193
Publié
à Francfort en 1967 le recueil Renverse
du souffle réunit
des textes écrits entre 1963 et 1965.
Il a été prépublié
partiellement à Paris en 1965, accompagné de gravures de Giséle
Celan-Lestrange.
Ces textes évoquent la vérité
vécue qui, comme un boomerang, traverse l’espace et revient vers
son lanceur.
Pour Celan, sa poésie se tient
dans cet espace douloureux du souvenir, juste au moment du
retournement, comme un souffle aveugle qui passe « entre Là et
Pas là ».(p.173) , ou comme le négatif de la mémoire
fantasmée que seul le poète peut contraindre, par ses textes, à ne
pas mourir tout à fait.
Dans
la lanière de prière blanche
— le
Seigneur de cette heure
était
une créature
d'hiver, c'est
pour lui plaire
qu'est arrivé ce qui est arrivé
—
ma bouche grimpante a mordu, s'est accrochée, une
fois
encore,
quand elle t'a cherchée, trace de fumée
toi,
là-haut,
silhouette de femme,
toi en voyage vers mes
pensées
de feu dans le gravier noir
au-delà des mots de scission à
travers
lesquels je t'ai vue partir, haute
perchée sur tes
jambes et
ta propre
tête
aux lèvres lourdes
sur le
corps vivant de mes
mains
mortellement exactes.
Dis à tes
doigts qui t’accompagnent
jusqu’au fond des gouffres
combien
je t’ai connue, jusqu’où je t’ai
poussée,
pénétrée vers le fond, où
mon rêve le plus amer
a de cœur
couché avec toi, dans le lit
de mon indétachable nom.
In
Choix de poèmes,
Renverse du souffle
© Poésie/Gallimard 1998 p. 245
****
À
Prague
La
demi-mort,
allaitée avec notre vie,
était là tout autour de
nous vraie d'images de cendre —
nous aussi
nous buvions
encore, entrecroisés d'âme, deux dagues,
cousus à des pierres
de ciel, nés de sang de mot
dans le lit de nuit,
nous
avons grandi et grandi
de plus en plus l'un au travers de l'autre,
il n'y avait
plus de nom pour
ce qui nous poussait (l'une des
trente
et combien
était-elle, mon ombre vivante,
qui
grimpait l'escalier de délire jusqu'à toi ?),
haute
tour,
l'À-moitié s'allait construire dans le vers
où,
Hradschin
de pur Non-de faiseur d'or,
un hébreu
d’os,
moulu en sperme,
s’écoulait sans le sablier
que
nous traversions à la nage, deux rêves maintenant,
sonnant
contre
le temps, sur les places.
Ibid p. 259
****
Attaque
de violoncelle
de derrière la douleur :
les forces,
vers des contre-cieux étagées,
roulent de l'ininterprétable
devant
couloir d’atterrissage et entrée,
le
soir
escaladé
se dresse empli d'arborisation
pulmonaire,
deux
nuages-incendies de souffle
creusent
dans le livre
que le bruit des tempes a ouvert,
quelque
chose devient vrai,
douze fois rougeoie le
Là-bas touché
par des flèches,
le sang-
noir boit
la semence du
sang-noir,
tout est moins qu’il
n’est,
tout est
plus.
Ibid
p. 267
Bien que naturalisé français,
Paul Celan a passé la moitié de son existence à Paris sans pouvoir
se défaire d’un sentiment d’exil.
De son vivant, il ne sera
reconnu comme poète que par un petit noyau d’écrivains :
René Char, Henri Michaux, André du Bouchet, Jacques Dupin, Yves
Bonnefoy, qu’il rejoint en 1968 au comité de rédaction de la
revue L’Éphémère.
Il est aujourd’hui célébré
comme un des grands poètes de langue allemande
Bibliographie
-
Choix
de poèmes de Paul Celan, commentaires de Jean-Michel Maulpoix, ©
Foliothèque n° 160 2009
-
Poèmes,
Paul Celan, suivi d’un essai sur sa poésie ©
José Corti, 2004
-
Paul
Celan-Nelly Sachs,
Correspondance, trad.
Mireille Gansel, © Belin,
« L’extrême contemporain », 1999.
-
Paul
Celan / Gisèle Celan-Lestrange, Correspondance,
éditée et commentée par Bertrand Badiou avec le concours d’Éric
Celan, © Le Seuil, « La librairie du XXIe siècle »,
2001.
-
Paul
Celan / Ingeborg Bachmann, Le temps du cœur,
Correspondance, traduite par Bertrand Badiou, ©
Seuil, Paris,2011.
À
propos de
Internet
Contribution
de Jean Gédéon